La coupe mulet n’a pas attendu les années 80 pour faire parler d’elle. Derrière ses airs de provocation capillaire, ce style a traversé les époques, s’invitant là où on ne l’attendait pas, et marquant bien plus que la simple nostalgie d’une époque flashy.
Longtemps moquée, la coupe mulet traîne derrière elle une réputation sulfureuse. Pourtant, ses racines plongent dans l’histoire : déjà chez les guerriers de l’Antiquité, elle s’affichait comme un symbole de puissance. Cheveux courts devant pour la vue, longue crinière à l’arrière pour protéger la nuque, ce choix n’avait rien d’anodin sur les champs de bataille. Michel Messu l’évoque dans ‘Un ethnologue chez le coiffeur’ : cette coupe, avant d’être excentrique, était pratique. Au fil des siècles, comme le décrit Pamela Church Gibson dans ‘Un siècle de coiffures’, elle revient, se chargeant à chaque époque de significations nouvelles.
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Origines et évolution de la coupe mulet
Ce qui frappe, c’est la capacité de cette coupe à réapparaître là où on l’attend le moins. Bien avant les années 80, la mulet faisait déjà des vagues. Selon Messu, elle s’imposait dans les rangs des guerriers, offrant une protection tout en laissant le visage libre. Gibson, elle, détaille les multiples renaissances de cette coupe à travers l’histoire, oscillant entre codes militaires et affirmations de style.
Les années 70 et l’ascension des icônes
Les années 70 voient la coupe mulet renaître sous les projecteurs. David Bowie, jamais là où on l’attend, la porte fièrement sur la pochette de ‘Ziggy Stardust’. Rod Stewart, Paul McCartney, puis Johnny Hallyday et Francis Cabrel en France, s’emparent de ce style. À travers eux, la coupe mulet quitte les marges et devient le signe d’une liberté éclatante, flirtant avec l’audace et l’insoumission.
Les années 80 et le sport
À l’aube des années 80, le phénomène explose, cette fois sur les terrains de sport. Footballeurs comme Rudi Völler ou Chris Waddle ne jurent que par ce look, le mulet devient un motif incontournable dans les stades. Le style traverse alors les frontières, s’invitant dans les vestiaires et s’imposant comme un phénomène de masse. Des figures marquantes jalonnent ce parcours :
- Michel Messu, ‘Un ethnologue chez le coiffeur’
- Pamela Church Gibson, ‘Un siècle de coiffures’
- David Bowie, ‘Ziggy Stardust’
- Rod Stewart, Paul McCartney, Johnny Hallyday, Francis Cabrel
- Rudi Völler, Chris Waddle
La coupe mulet dans la culture populaire
Rétro ? Sans doute. Mais la coupe mulet ne s’est jamais contentée de bercer les nostalgiques. Dans les années 2000, elle trouve une seconde jeunesse avec le mouvement Tecktonik : sur les pistes de danse, elle s’impose à nouveau, portée par une génération en quête de singularité. Baptiste Cléret le souligne : la Tecktonik a offert à la mulet une visibilité inédite dans les clubs.
Le phénomène déborde vite le cadre musical. Des artistes comme Salut c’est cool ou le duo sud-africain Die Antwoord font entrer la coupe mulet dans la pop culture. La marque Vetements l’intègre à ses défilés, preuve que la frontière entre la rue et les podiums n’a jamais été aussi poreuse.
La télévision entretient aussi le mythe. Qui n’a pas en tête la silhouette de Joe Exotic dans Tiger King, coupe mulet peroxydée en étendard ? Billy Ray Cyrus, Patrick Hernandez : tous la portent, chacun à leur manière, rappelant que le mulet se décline à l’infini.
Le phénomène ne s’arrête pas là. Aujourd’hui, des figures comme Miley Cyrus ou Rihanna s’approprient la coupe, la réinventent et la propulsent dans l’air du temps. Même certains personnages fictifs, à l’image de Kylo Ren, inspirent des déclinaisons originales, comme le fameux Kylo Mullet.
Au cinéma, Brad Pitt immortalise le style dans Johnny Suede : la mulet s’invite à Hollywood, loin des clichés. Les modes tournent, mais le mulet, lui, ne tombe jamais dans l’oubli, il se réinvente, encore et toujours.
Le retour en force de la coupe mulet
Aujourd’hui, la coupe mulet fait bien plus que résister : elle s’affiche, elle s’assume, elle se célèbre. En Australie, le Mulletfest réunit chaque année à Kurri Kurri une foule bigarrée, venue défendre haut et fort sa passion pour cette coiffure. Lloyd Martin, concurrent phare, n’hésite pas à rivaliser d’audace avec sa coupe hors normes. Ce festival va bien plus loin qu’une simple compétition : il fédère des adeptes de tous âges, des enfants aux seniors, récompensant aussi bien les versions classiques que les variantes les plus extravagantes.
Pourquoi un tel engouement ?
Plusieurs éléments expliquent cette vague actuelle. Le goût pour les années 80 et 90, bien sûr, mais aussi la capacité des réseaux sociaux à relier instantanément les passionnés, à diffuser les photos et les vidéos de mulets du monde entier. Impossible d’ignorer le rôle des plateformes comme Instagram ou TikTok, où le mulet s’expose fièrement. Parmi les moteurs de ce regain d’intérêt, on trouve :
- Le revival des années 80 et 90
- L’influence des célébrités et des artistes contemporains
- Les plateformes comme Instagram et TikTok
Les événements comme le Mulletfest contribuent aussi à la visibilité du style. Au cœur de tout cela, une dimension collective et créative : chaque participant, chaque adepte, contribue à réinventer la coupe mulet, à la faire vivre hors des sentiers battus. La mulet, loin de se figer dans le passé, s’amuse à bousculer les codes, démontrant qu’aucune tendance n’est jamais vraiment gravée dans le marbre. Qui aurait cru que la coupe la plus controversée de l’histoire moderne deviendrait, un jour, le symbole assumé d’une nouvelle génération ?
